Après avoir été créée à Paris et jouée dans différentes villes de France (Lyon, Montpellier, Chaumont, Mortagne au Perche, Ardèche), Tuer Phèdre a été représentée à Montréal du 13 au 17 octobre 2015 à l’Espace La Risée, théâtre dans le quartier Rosemont.
Cette version Montréalaise réunissait un jeune comédien québécois, François Lacroix-Lafrenière (actuellement étudiant en Théâtre à l’Ecole de l’Uqam) et l’auteur et comédien Alberto Lombardo.
Les 6 représentations (5 tout public et 1 scolaire pour Cegep et secondaire V) ont reçu un très chaleureux accueil du public venu de plus en plus nombreux. Une moyenne de 65 spectateurs par séance dans un théâtre qui en contient 87.
Vous trouverez sur cette page les critiques et témoignages de journalistes, professeurs, spectateurs durant cette semaine de représentations à Montréal.
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Tuer Phèdre en France |
Du mardi 13 au samedi 17 octobre 2015 à 20h à l'Espace La Risée
Auteur : Alberto Lombardo (avec la complicité de Jean Racine)
Avec : François Lacroix-Lafrenière et Alberto Lombardo
Direction artistique : Èva-Marie Courbon et Marine Martin-Ehlinger
Création lumière : Monica Romanisio
Un metteur en scène célèbre et ambigu est à la recherche du jeune comédien idéal pour jouer tout Phèdre de Racine, seul avec lui. L’audition théâtrale se transforme en intrigue passionnelle. Qui sortira intact de cette relation trouble où le désir devient mortel?
Mêlant le théâtre classique au théâtre contemporain de manière naturelle, Tuer Phèdre fera aimer les vers même à ceux qui y sont allergiques. La singularité de cette rencontre entre un comédien français et un jeune comédien québécois, donne une force supplémentaire à cette relation trouble, entre attraction et répulsion. La mise en scène épurée mais très précise met en valeur le texte et le jeu des comédiens en donnant le pouvoir à l’émotion.
«Tuer Phèdre» d’Alberto Lombardo à l’Espace la Risée de Montréal
Une joute verbale pleine d'esprit
Publié le 16 octobre 2015 par Clifford Brown
Crédit photo : C4photographe
Un metteur en scène qui a tout du «monstre sacré» se trouve sur la scène de son petit théâtre, travaillant sans relâche sur une adaptation de Phèdre pour deux acteurs, lorsqu’il surprend un intrus entré on ne sait comment. C’est un jeune homme qui porte le même nom de famille que lui, qui s’avère être le fils de sa cousine, et qui le supplie plus ou moins subtilement de lui donner le rôle de son vis-à-vis dans sa prochaine production.
La réputation d’Alberto Lombardo est indiscutable, et Tuer Phèdre est une pièce qu’il a écrite et dans laquelle il joue aussi. C’est un huis clos en tête à tête qui évoque continuellement son matériel source, le Phèdre de Jean Racine, en dressant un parallèle avec les évènements qui se déroulent sous nos yeux.
Et nos yeux furent ravis! La joute verbale qui oppose Lombardo à François Lacroix-Lafrenière, un jeune comédien québécois très rafraîchissant, est captivante du début à la fin. On découvre peu à peu les motifs des deux protagonistes, leurs personnalités, leurs forces et faiblesses. L’affrontement devient une danse, à la fois violente et sensuelle, où pointe le désir, et le désir devient un moment un pivot majeur.
Lombardo est parfait dans la peau de ce comédien en fin de carrière, qui a donné sa vie au théâtre, mais qui en a aussi tiré quelques avantages, profitant allègrement de sa position pour goûter à beaucoup plus qu’au talent des jeunes acteurs qu’il prenait sous son aile. On sent qu’il s’est fait plaisir dans les répliques acerbes et dans quelques instants légèrement critiques envers son «industrie». Sa personnalité transparaît dans le texte, et un magnétisme certain se dégage de sa performance; l’expérience, ça trompe rarement.
On se dit au départ qu’une révision contemporaine d’un classique composé en alexandrins est une entreprise assez hasardeuse, mais notre doute se dissipe dès que la pièce commence. La joute verbale pleine d’esprit que se livrent les deux acteurs nous agrippe par le collet, et le rythme de la pièce ne nous laisse aucun répit jusqu’à la fin. Je n’ai même pas eu envie d’aller me chercher une deuxième coupe de vin, et c’est le signe indiscutable d’une soirée parfaitement réussie.
Création affiche : Eva-Marie Courbon
Magnifique soirée de première, mardi 13 octobre, pour Tuer Phèdre d'Alberto Lombardo, à l'espace La Risée - 1258 Bélanger Est. Dernières représentations ce vendredi 16 octobre et samedi 17 octobre, à 20 heures. Réservation : 514-931-6630
Auteur d’une vingtaine de pièces, Alberto Lombardo signe ici un texte d'une rare intensité sur la passion et la fureur du désir, corollaires des rapports rarement évoqués de maîtres à élèves qui règnent dans le monde du théâtre.
Un metteur en scène célèbre, interprété par l'auteur, ne peut monter ses pièces que dans la mesure où il suscite le désir de ses jeunes comédiens. Il auditionne un jeune homme prêt à tout pour obtenir le rôle dans la pièce Phèdre de Racine, interprété ici par François Lacroix-Lafrenière, comédien québécois émergent et talentueux.
Se servant des scènes de la tragédie classique pour pénétrer l'intimité du jeune homme et sonder sa capacité d'amour, l'alimenter et la provoquer, le metteur en scène réveille peu à peu et pour une énième fois, les démons qui habitent la pièce de Racine - la jalousie, l'inceste, l'infidélité, les secrets, l'aveu, le suicide, le désir, sentiments violents qui vont saisir au corps les deux protagonistes.
Tout comme Phèdre, amoureuse d'Hyppolite qui ne la désire pas, et dont les désirs contrariés et furieux vont tout bouleverser autour d'elle, le metteur en scène va alors s'éprendre du jeune comédien, qui à l'instar d'Hippolyte, transporte un secret et se révèle en définitive prêt à user de tous les stratagèmes, à jouer toutes les situations pour arriver à ses fins funestes. Tragédie annoncée donc et magistralement incarnée par deux comédiens qui se risquent sur scène avec une économie de moyens, contribuent à redonner au théâtre ses lettres de noblesse, en mettant en valeur le seul jeu d'acteur et un texte d'un classicisme et d'une modernité de ton implacable autant que jubilatoire.
Journal francophone de l’Université McGill
Miruna Craciunescu
Paru le 20 octobre
Le désir dans la peau
Une réécriture captivante du Phèdre de Racine
Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre une œuvre dont l’écriture est toute entière subjuguée par le thème du désir, ce qui est certainement le cas de Tuer Phèdre, une pièce jouée par François Lacroix-Lafrenière et Alberto Lombardo à l’Espace La Risée du 13 au 17 octobre 2015. L’amour, certes, est partout : il s’agit d’un ingrédient commode dont on agrémente les récits de toutes sortes, au risque d’en faire un élément surreprésenté du quotidien des personnages de fiction. Or, le désir de l’héroïne racinienne que font revivre les protagonistes d’Alberto Lombardo (dramaturge et comédien) n’est pas seulement, ni même premièrement, un désir amoureux.
Il s’agit plutôt d’une notion à propos de laquelle l’aurait presque envie de dire qu’elle est issue d’un autre siècle ; soit de l’époque où, pour éviter la subversion, les censeurs du Roi Soleil n’admettaient parmi les sujets dignes de paraître sur les planches d’un théâtre qu’un nombre restreint de problématiques, au centre desquelles figurait, bien entendu, le péril extrême que l’on court à s’exposer aux affres de la passion véritable. Dans un tel contexte, le terme « désir » ne sert alors pas uniquement à désigner une expérience sensorielle, puisqu’il devient constitutif d’une certaine vision anthropologique qui place l’être humain quelque part entre l’ange et la bête – tout en nous rappelant à quel point il est aisé de pencher du côté de la bête.
Et pourtant, ce n’était pas seulement au XVIIe siècle que l’on pouvait mourir d’un dérèglement des sens ; ce qui prouve que si de tels concepts changent parfois de visage pour parvenir jusqu’à nous, ils sont encore souvent empreints d’une actualité étonnante. Aussi, l’une des forces de la pièce Tuer Phèdre est-elle précisément d’avoir su transposer le désir terrifiant de l’héroïne dans un cadre qui le rend compréhensible, tout en conservant sa part de monstruosité. Ce qui surprend en effet le spectateur, c’est que la monstruosité de ce désir ne provient pas de l’impureté de l’objet sur lequel celui-ci s’est fixé – ce serait là un terrain glissant – mais bien de l’intensité avec laquelle il s’exprime chez celui qui l’éprouve. Car dans l’univers lombardien, si celui qui ne désire pas ne vit pas réellement, celui qui désire trop, en revanche, ne vit plus ; ou, du moins, ne vivra plus très longtemps.
D’un point de vue linguistique, l’intégration des vers de Racine au sein même des répliques – justifiée par le contexte de la pièce, qui est celui d’une audition qu’un metteur en scène reconnu fait passer à un étudiant de théâtre –, produit une impression saisissante. Elle a, en outre, pour avantage de permettre aux comédiens de jouer avec des registres de langue très différents, tout en formulant les commentaires nécessaires sur l’intertexte racinien pour que l’on mette quelques instants de côté l’ironie avec laquelle l’on pourrait être tentés d’accueillir les déclarations d’amour de cette trempe.
Naturellement, un tel effet ne peut être réussi sans une interprétation de qualité, et c’est pourquoi il convient de saluer le jeu des comédiens. Ensemble, ils ont réussi, je crois, à prendre le public au jeu des liaisons dangereuses, tout en l’invitant à croire, ne serait-ce qu’un instant, au discours dicté par une flamme coupable de consumer son hôte conjointement à son objet de désir. Et ce, sans haussement de sourcil ni petit rire ironique. Au fond, n’est-ce pas là le véritable défi du théâtre?
Cher Monsieur Lombardo,
Nous avons tous été enthousiasmés par votre pièce et votre interprétation! L'intensité des conversations que nous avons eues depuis au sujet des personnages, de l'intrigue, de l'évolution dramatique et de son intensité croissante, tout cela montre indéniablement que votre oeuvre et votre jeu ont su touché. Je vous remercie donc du fond du coeur pour la grande générosité dont vous avez fait preuve en venant ici, jusqu'à nous, pour mettre en scène votre travail. Il est rare qu'une telle générosité soit associée au talent.
La force de votre pièce dans et par son dénuement a été augmentée par le fait que le lendemain soir j'étais à nouveau au théâtre à l'Outremont. La comparaison entre les pièces de mercredi et de jeudi a été fort cruelle pour la seconde.
En classe, lorsque mes étudiants m'ont raconté qu'ils avaient pu vous parler un peu, ils m'ont aussi mandaté afin de vous remercier et vous féliciter, car mercredi les amateurs de théâtre ont été gâtés grâce à vous. Je vous souhaite la meilleures des réussites pour la suite de votre campagne au Québec. Bravo!
Sébastien Prat, professeur de philosophie Collège Stanislas Montréal
Bravo à Alberto et François ! Intelligent, habile et émouvant en diable... avec, en prime, une Phèdre qu'on redécouvre dans toute son ardeur incandescente que l'auteur sait rendre éternelle.
Monique Le Maner Lepage
Alberto Lombardo a suivi sa formation théâtrale aux conservatoires d’art dramatique de Saint-Étienne et de Lyon et aux Ateliers Antoine Vitez au Théâtre National de Chaillot.
Auteur d’une vingtaine de pièces jouées en France et à l’étranger (Québec, Italie, Espagne, Maroc, Liban, Roumanie). Quelques-unes de ses pièces sont traduites en anglais, en italien et en allemand. Certaines sont éditées chez l’Harmattan, Art et Comédie et Le Solitaire ; d’autres diffusées sur France Inter et France Culture.
Parallèlement, il anime des ateliers de théâtre et d’écriture théâtrale pour adultes et adolescent. Récemment, il a travaillé avec des étudiants américains à l’université Clark près de Boston.
En qualité de comédien, il a notamment travaillé avec Catherine Anne, Bruno Sachel, René Loyon, Serge Bourhis et Didier Lelong. Il joue également dans ses propres productions.
Ses derniers rôles : Depuis 2012, il joue dans la pièce à succès Racine par la Racine de Serge Bourhis, les rôles du metteur en scène et de Phèdre, au théâtre Essaïon, au Festival d’Avignon et une tournée en France.
2013-2014 : Molieratus de Serge Bourhis, le rôle de Molière dans les dernières heures de sa vie.
2013-2014 : Ascenseur pour Orgeval d’Emmanuel Schaeffer, dans une mise en scène de Didier Lelong. Compagnie Le Facteur Théâtre à Reims.
Membre des EAT (écrivains associés de théâtre) et sociétaire à la SACD.
François À l'âge de 7 ans, François Lacroix-Lafrenière monte pour la première fois sur les planches pour y découvrir un amour révélateur. Très tôt, il cherche à s'outiller comme comédien à l'aide de plusieurs formations en théâtre et en animation radiophonique. Après avoir complété son secondaire à Gatineau, il déménage dans la métropole pour étudier au Conservatoire Lassalle en théâtre. Il s'initie également au jeu devant la caméra au sein des ateliers offerts par Liane Simard, pionnière en coaching de comédiens à la télévision et au cinéma. À 19 ans, il obtient un premier rôle aux côtés d'Élise Guilbault dans la populaire télésérie 30 vies diffusée à Radio-Canada. Il incarne également un des personnages principaux dans la web série "2h14: un continental en cinq temps", une adaptation selon l'œuvre de David Paquet, diffusée sur TV5. Finalement, il perfectionne son art au cœur d'une formation intensive en théâtre aux cours Florent, à Paris. En septembre 2015, François est reçu à l’Ecole de Théâtre de l’Uqam.
Tuer Phèdre a été créée et jouée en France en 2014-2015.
La nouvelle pièce d’Alberto Lombardo s’adresse à plusieurs sensibilités de spectateur. Sa construction à rebondissements en fait une œuvre à suspense, dont la vérité tournoyante est particulièrement stimulante.
Gilles Costaz – Webthea
On pense à Jouvet pour l’exigence et l’intelligence, à Jean Genet pour la sensualité.
Hélène Kuttner - Spectacles.premiere.fr
Pendant 75 mn l’inquiétude monte par strates. Les repères volent en éclats. L’amour, la mort, le sexe ne font plus qu’un. La tragédie revêt les vêtements du polar.
Catherine Tullat - BAT
Un spectacle ingénieux en forme d’hommage paradoxal. ♥♥♥♥♥
Thomas Ngo-Hong - hierautheatre.com
Le texte de la pièce est édité aux éditions Le Solitaire.